Cette maison a une histoire.

Et cette histoire est, depuis 1956, celle de deux femmes, Josette Bouvray et Marceline Lenoir.

Josette Bouvray, ma mère, était une femme de feu, une méditerranéenne, marseillaise de souche. Née en 1919, elle fit, entre 1937 et 1953 une carrière de chanteuse, comme on disait alors : "de charme". Avant et pendant la guerre, elle chanta dans le sud de la France, "parrainée" par Charles Trenet, puis dans le cadre d'un "numéro de music hall" avec mon père, en Espagne, en Algérie, à nouveau en Espagne (où tous les deux participent à des réseaux de résistance pyrénéens). Après la guerre, brillantes tournées en Egypte, au Liban, puis à nouveau en France. Ma mère gagne le grand prix de Deauville, qu'elle partage avec Juliette Greco en 1952. Vers cette date, elle rencontre Marceline Lenoir et change d'orientation professionnelle.

Marceline Lenoir est née en 1921 à Pierrepont dans l'Aisne. C'est une femme de caractère, avec une tête solide, mais également une femme chaleureuse et séduisante. D'abord actrice, elle commence en 1955 à monter avec ma mère ce qui deviendra l'une des meilleures agences de cinéma et théâtre de Paris.

C'est à cette époque que les deux femmes adoptent la maison du Val, d'abord en location. Quelques années plus tard elles l'achètent et la rénovent.

Dès lors cette maison deviendra l'un des rendez-vous des acteurs, écrivains et musiciens français.

Vers 1960, j'ai le souvenir (émouvant pour l'adolescent que j'étais) de la présence, tout un mois d'été, de Brigitte Bardot en retraite discrète au Val avec Samy Frey.

Il n'y a guère, on pouvait rencontrer au Val, Jacques Dufilho, Jean Carmet, Robert Hossein et leurs amis. Lorsque Marceline nous a quitté, en 2007, Vanessa Paradis est venue avec son mari Johnny Depp.

L'agence artistique continue, grace à Chantal Phillipart (http://www.agence-aml.com/trombi.cfm?id_agent=224).

Marceline était liée à la famille de Brunhoff, Jean étant l'inventeur de "Babar", Laurent, son continuateur et Thierry, un merveilleux pianiste.

Denis Kieffer, ami de la famille, compositeur qui a signé de belles musiques de films a vécu dans cette maison.

Depuis quelque temps, ma mère y vivait seule en dehors de mes visites mensuelles et des fêtes de famille ou réunions d'amis. Fin novembre 2011, à son tour, elle nous a quitté, brutalement.

Vivant et travaillant moi même à Marseille, je ne puis prendre la suite.

Que faire ? Sinon souhaiter à cette belle demeure un nouveau départ ?